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Grand bal de Youssou Ndour :

Bercy, un little Sénégal
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REPORTAGE DE OMAR DIOUF

15 Octobre 2001 (PARIS) - Ils sont venus de tous les coins de la France ce soir, Marseille, Lyon, Rouen, Grenoble, Bordeaux, Montpellier, Clermont-Ferrand... Les fans des Youssou Ndour, des Sénégalais, des Africains et des Français tiennent à entrer dans Bercy ce soir pour prendre part au Grand Bal. Le ticket, acheté en moyenne à 17.000 FCFA depuis presque un mois est revendu aux portes de Bercy à 50.000 F CFA.

"Youssou est notre frère. Et n'est simplement pas un artiste, il est d'abord un Sénégalais comme nous", crie avec joie une jeune compatriote venue tôt le matin à Paris en provenance de Rouen. Maty, étudiante en Informatique Bureautique, est accompagnée de sa copine et de son mari. Assister au concert de Youssou Ndour est une manière de donner leur "participation", selon eux. La plupart des Sénégalais vivant dans les provinces françaises et ayant fait le déplacement ont pris des chambres d'hôtel la veille. Ce samedi, dès 21 heures, le parc du stade omnisports Bercy est envahi de monde. Des filles et des garçons, pour la plupart dans des tenues plus ou moins affriolantes. Sandwiches, eaux minérales, dans les mains, ou téléphones portables collées à l'oreille, ils devisent en wolof ou en français. La salle du concert s'ouvre largement aux longues queues formées sagement. Déjà la piste, face à la scène, est pleine à craquer et les quatre jeunes danseurs Congolais de “ Sixième Sens ”, sur le podium à onze moins le quart, tentent de "chauffer" le public. Leur “ ndombolo servi est vivement applaudi. Les vivats montent en force à l'annonce du duo Pape et Cheikh. Les deux musiciens vêtus de boubous et chapeau sur le chef, sortent les guitares des sacs et y vont d'une envolée acoustique emportant la voix aiguë de Pape Mamadou Fall. "Mariama", "Sogni" et l'inévitable "Yataal Guew" repris en chœur par le public rappelle aux Sénégalais une époque, celle des législatives passées. Pape et Cheikh, comme au “ Thiossane ”, après leur partition, font place au roi du “ mbalax ”.

A minuit moins le quart, l'enfant de la Médina, monté sur une grue, entre en spectacle. Un moment de cris et hurlements des fans, des milliers de jeunes et d'adultes impatients. "Youssou peut alors entonner "Pithie mi", pour le bonheur des adultes qui se rappellent les premières années du “ Super Etoile ”. Puis, plus récent, le titre "Djiguène" emporte plus d'enthousiasme. Le “ tama ” d'Assane Thiam invite aux "pakargnis " et autres "dialgati" drôlement exécutés par Gallo Thiello. DUO AVEC KOFFI L'humoristique danseur, arrache juste quelques applaudissements, le public est déjà dans son sujet : on bouge de partout dans la grande salle de Bercy. "Baykat", "Immigré", "Liguey", passent sans que les spectateurs ne se lassent des percussions de Mbaye Dièye Faye et du “ tama ” d'Assane Thiam. Pour faire baisser le rythme, You invite la chanteuse franco-maghrébine Assia sur scène. Le temps d'un "Seven seconds" en duo. "C'est incroyable d'être là ce soir", s'exclame, presque émue, la chanteuse, dans son mini-bustier et ses bottes rouge bordeaux. Elle enchaîne alors avec "Elle est à toi" chaleureusement repris par les milliers de jeunes filles et garçons dans les tribunes, avant que la fièvre du “ mbalax ” ne les reprenne. Le “ Super Etoile ” termine avec "Set" pour la première partie du Grand Bal. Bercy conquis par Fatou Laobé à une heure moins cinq minutes, la partie traditionnelle commence par des notes du guitariste soliste, Jimmy Mbaye. Jean Philippe Rykiel s'installe au clavier. Youssou Ndour, drapé dans un grand boubou blanc, surgit au milieu de la piste de Bercy sur une plate-forme. L'orchestre, tous vêtus de boubou, enchaîne avec "Birima", dansé par une dizaine de femmes sur la scène. Nuttea, un autre artiste français invité sur le podium fait bouger les jeunes avec "Trop peu de temps à vivre ici". Un reggae cool, entonné par les teen-agers. Le roi du “ mbalax ” le rejoint sur le podium pour un duo dans "Bamba". Ce duo fait place à deux autres duos, deux de You-Koffi Olomidé et You-MPassy, une jeune franco-congolaise vivant à Paris, choriste dans “ Bisso Na Bisso ” de Passy.

La partie traditionnelle reprend alors son droit. El Hadj Mansour Mbaye, arrivé dans la salle, annonce Ndèye Marie Ndiaye Gawlo, Ndiaga Mbaye et Khar Mbaye Madiaga précédant les deux lutteurs Toubabou Dior et Manga II. Dans leurs atours, les deux mastodontes exécutent des baks, pour donner un avant-goût de leur prochain combat prévu au début de l'an prochain. Encore discrets depuis le début de la soirée, les animateurs des radios FM de Dakar montent sur le podium pour annoncer le reste de la soirée. Les musiciens du “ Super Etoile ”, emmenés par un Mbaye Dièye Faye très en verve, jouent "Mbarguedj", "Sinebar" et "Aziz", avant de retourner dans leurs loges. Le jeune Abdoulaye Mbaye s'empare alors du micro pour sa partition, à travers "Bougn ko na mo". Il est suivi par Ouzin Ndiaye, dans l'inévitable "Baye Wali". Le public, en grande partie sénégalais, attend l'entrée en scène de Viviane pour reprendre les pas de “ dialgati ” et de “ mayonnaise ”. A la française cette fois, précise l'auteur de "Thiogonlong". Mais Fatou Laobé reste la vedette surprise du Grand Bal de Bercy. Sa danse suggestive et lascive du "tarantach" a soulevé la foule. Une foule qui s'est jetée sur les “ bine bine ” et “ dial diali ” qu'elle lançait depuis le podium. Au passage, elle décerne un vingt sur vingt aux Sénégalaises de France. Des filles, très branchées sur les nouvelles danses du pays. Pour la prendre au mot, Mbaye Dièye Faye, dans une vingtaine de minutes de "tassou", crée une ambiance du “ Thiossane ”, en invitant les "Sénégalaises de France" à se mesurer à leurs sœurs de Dakar.

Une véritable hystérie se crée alors sur le podium. Vingt filles passent devant le percussionniste du “ Super Etoile ” pour une démonstration de "tarantach" envoûtant le public accroché aux gestes. Des gestes à la limite obscènes des danseuses, loin du “ dialgati ” timide des “ Lions ” du foot, El Hadj Diouf, Lamine Diatta et Habib Bèye invités sur scène par le roi du “mbalax ”. Youssou Ndour et le “ Super Etoile ” avaient concocté un spécial "Allez les Lions" pour le Grand Bal de Bercy. "Vous nous avez comblés ; même si la partie se limitait à cette qualification pour la Coupe du Monde...", s'enthousiasme le chanteur dans cet hymne aux “ Lions ”. Le Grand Bal pouvait alors fermer vers six heures du matin. Bercy se vidait de son monde soûl de mbalakh. Les fans ont tenu à être présents, malgré le plan “ Vigipirate ” en vigueur en France, compte tenu du contexte politique international.

  

Youssou Ndour à Bercy :

“Cet événement appartient au public” 
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16 Octobre 2001 PARISC’est un Youssou Ndour très décontracté qui a rencontré la presse, hier, dans un des deux hôtels retenus par son staff, à Paris. Fort du constat des quelque 17.000 spectateurs présents à son concert, le samedi au Palais Omnisports de Bercy, le chanteur reconnaît que l’événement, le Grand Bal, n’est plus une affaire personnelle.

“Nous tenons d’ailleurs à y associer d’autres artistes africains…”, a confié Youssou Ndour. Déjà, l’artiste congolais, Koffi Olomidé, présent aux éditions de Bercy, a évoqué l’idée avec le management de Youssou Ndour. Le concert de samedi dernier a fait l’objet d’une grande mobilisation. Pour bien le réussir, le staff du Super Etoile a décaissé quelque huit millions de francs CFA pour la location de la salle de Bercy, les taxes de spectacles, la sécurité, les frais d’équipement et de promotion. Dans le déroulement du spectacle, divisé en concert et en grand bal, Youssou Ndour s’est rendu compte de la “discipline” du public. Durant plus de 6 heures, les spectateurs ont communié avec les musiciens du Super Etoile et de leurs invités. L’orchestre sur le podium, dont le fond rappelait la Porte du Millénium, a joué plus d’une vingtaine de titres de son répertoire. Dans “Ba Tay”, le titre ayant suscité la polémique sur la date de tournée du Général De Gaulle au Sénégal, pour le référendum, Youssou Ndour a chanté, à Bercy, “1958”. “J’ai tenu à le rectifier pour mettre tout le monde d’accord. Mais, j’ai chanté aussi que De Gaulle a été reçu par Me Lamine Guèye, l’année suivante, en 1959, après Valdiodio…”, a dit l’enfant de la Médina, suite à une remarque, d’un journaliste. A une autre remarque, celle faite par le responsable de Bercy avant le point de presse, à l’artiste sénégalais, le nombre impressionnant de spectateurs, le roi du mbalax estime que ses associés et lui en réfléchiront. Les solutions semblent multiples : faut-il se produire deux jours d’affilée dans le même endroit, ou diversifier les concerts en Hexagone ? Youssou Ndour avoue son désir de satisfaire les fans. Aussi bien dans une salle modeste comme le Thiossane à Dakar, ou un autre de la même capacité à Paris. “Nous faisons tout pour la promotion de la culture africaine…”, ajoute le leader du Super Etoile. Ainsi, il regrette l’annulation de sa tournée américaine, programmée bien avant les attentats de New York. Un dommage pour les fans de Youssou Ndour aux Etats-Unis d’Amérique.

OMAR DIOUF  
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