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maunick edouard J.Un citoyen du monde passionné d'écriture

 A 74 ans, l'écrivain et poète mauricien Edouard Joseph Maunick est toujours alerte. Le verbe facile, la soif de rencontres et de découverte du monde rappellent son cursus de journaliste, mais aussi de conférencier et d'ambassadeur. Il a reçu hier le Grand Prix de Poésie Léopold Sédar Senghor, des mains du ministre de l’Information lors de la clôture des 4e rencontres poétiques internationale de Dakar organisé par La MAPI. Edouard J. Maunick nous avait reçu dans la matinée d’hier. Sans se lasser, ce défenseur de la Francophonie remonte les étapes de son parcours de citoyen du monde…

 

EJM. Ces trois lettres imprimées en caractères rouges trônent en haut, au coin gauche de sa carte de visite. Lisez Edouard Joseph Maunick. Si sa fonction n’y figure pas, ses deux adresses, l’une à Pretoria, en Afrique du Sud et l’autre à Paris complètent la carte de visite. Poète, écrivain, journaliste, le Mauricien qui vit entre les capitales sud-africaine et française, est métis dans l’âme et dans le sang. « J’ai autant de patries que de sang, en moi » disait-il avant-hier, mercredi dernier devant un parterre de poètes et d’invités aux 4é rencontres poétiques de Dakar qui prendront fin après-demain. Grand voyageur, Edouard J. Maunick est né et a grandi à l’île Maurice. Pour anecdote, le poète mauricien affirme que c’est son frère cadet, alors tout petit, entendant la foule scandait le nom du Prince Edouard de Grande-Bretagne en visite à l’époque à Port-Louis, a continué à l’interpeller par le même prénom une fois rentré à la maison. Les parents et les camarades d’école ont perpétué le prénom Edouard et Joseph Maunick a lui aussi signé ses premiers poèmes et livres par EJM.

« C’est à dix-sept ans, que j’ai écrit mon premier article dans le journal Le Mauricien que j’ai intitulé - Quel est le plus beau vers de la langue française ? -Le rédacteur en chef du journal à l’époque était tellement enthousiasmé qu’il a offert cinquante roupies. Une fortune en 1948 ». se souvient aujourd’hui Edouard J. Maunick. Devenu enseignant à l’école primaire, puis chef bibliothécaire à Port-Louis, à vingt-huit ans, il était un passionné de cinéma et ne rêvait que de Paris à travers les poèmes. « J’ai été toujours fasciné par Paris et la France. J’en entendais souvent parler à la radio et dans les poèmes de la Collection Poètes d’Aujourd’hui. Je lisais ces poèmes jusqu’à l’usure des yeux. J’avais la nostalgie de Paris et à trente ans j’ai tout abandonné pour y aller. » se rappelle Edouard Joseph Maunick. Ce désir de partir sur Paris s’est réalisé un jour de l’année 1961. Il a fermé sa bibliothèque et est monté, « sans un sous », dans la capitale française. C'était l'hiver et le jeune homme vivait de petits métiers, comme celui de laveur dans le restaurant des Beaux-Arts de Paris. C'est à la radio qui deviendra plus tard Radio France internationale qu'Edouard J. Maunick travaillera après cette période de chômage. Le poète mauricien avoue n'avoir jamais suivi d'études en France. Il fera quelques piges à Radio Caraïbes internationale, puis reviendra à RFI où il animera pendant dix-huit ans des émissions culturelles. Un temps assez important dans sa vie car il crée à cette époque le Grand Prix de la nouvelle de la langue française.

 En fouillant dans sa mémoire de septuagénaire, Joseph Maunick croit que le Sénégalais Mbaye Gana Kébé a reçu ce prix avec une belle nouvelle à l'époque. Le poète mauricien se rappelle aussi avoir été rédacteur en chef de "Demain l'Afrique", à Paris, dont… Abdoulaye Wade était le président du comité de rédaction. L'UNESCO, Jeune Afrique et Prétoria " C'est après une brève période après le journalisme qu'on m'a proposé d'entrer à l'Unesco pour diriger la direction des Echanges culturelles et la Collection des Œuvres représentatives. Une collection qui publie en français et souvent en anglais la littérature de tous les pays et de tous les temps." affirme Edouard J. Maunick. L'écrivain mauricien est resté pendant dix années à l'Unesco où il a travaillé sous les ordres de deux directeurs : le Sénégalais Amadou Moctar Mbaw et l'Espagnol Frederico Mayor. C'est à soixante ans, en 1991, que Béchir Ben Yahmed, le patron de l'hebdomadaire Jeune Afrique lui propose le poste de rédacteur en chef. Le temps que les lecteurs de J.A dégustent ses analyses et partagent ses connaissances culturelles, Edouard J. Maunick est sollicité par le Gouvernement de son pays, l'île Maurice pour être ambassadeur auprès du Président Nelson Mandela nouvellement sorti de prison et élu à la tête de l'Afrique du Sud. Pendant trois ans, l'écrivain-poète, mais surtout journaliste occupera le poste d'ambassadeur de Maurice à Pretoria. "Je réside actuellement à Pretoria, où je rédige des articles pour le journal l'Express de Maurice.

Et toujours passionné d'écriture, Edouard J. Maunick confie qu'il prépare un prochain livre où il racontera toute sa mémoire. L'histoire de sa famille racontée par sa grand-mère Sarah. Véritable globe-trotter, le poète mauricien, qui ne fait pas de différence entre les disciplines littéraires, se définit comme un révolté. " Je ne suis pas un révolutionnaire, mais un révolté. La nuance est de taille parce que la révolution est passagère, contrairement à la révolte qui est permanente. Elle perdure." explique-t-il. Entre l'Europe, les Amériques, les Iles Caraïbes, l'Urss, Edouard Joseph Maunick constate avoir fait le tour du monde. Et sa rencontre avec le poète Léopold Sédar Senghor, alors président du Sénégal en 1961 à Paris au cours d'un congrès d'écrivains l'a beaucoup marqué. "Il nous avait reçu et une grande amitié, fidèle, fervent est né entre nous deux par la suite. Il disait que j'étais métis comme son fils Philippe. Et lorsque je lui ai envoyé mon manuscrit sur mon livre de poèmes Ensoleillé vif, Senghor me l'a renvoyé, un an après avec une préface de vingt-cinq feuilles intitulée La négritude métisse ! Mon livre reçut plus tard le Prix Apollinaire. L'équivalent du Goncourt de la poésie. Senghor et moi sommes les deux seuls Nègres à avoir reçu cette distinction. " Fier de cette amitié de quarante ans avec le poète Senghor, Edouard J. Maunick revient souvent au Sénégal au nom de cette amitié avec l'enfant de Joal.

 

PAR OMAR DIOUF (Novembre 2004)

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